Si on comprend la condamnation, on s'interroge sur l'utilité de telles pratiques issues d'un autre âge... Peut-on se réjouir du spectacle du malheur d'un homme, même coupable, et comment ne pas avoir de pitié ? La nature humaine serait-elle donc aussi dure qu'on veut bien le dire ? Espérons que non.
Cependant, le 12 juillet 1812, un coup de théâtre étonnant met en émoi toute la population de Jussarupt, Granges et les villages voisins:
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Connaissez-vous la dernière du fin Georges ?
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Non, mais il est en prison à Epinal, enfin avec un tel gaillard on peut s'attendre à tout, il n'a quand même pas tué un gardien ?
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Non, mais il n'est plus en prison, il s'est évadé la nuit dernière !!
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Pas possible... c'est une blague ?
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Non, non, il s'est fait la belle avec ses fers aux pieds par-dessus le marché ! Dix autres détenus se sont enfuis en même temps que lui cette nuit...
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Ca alors, pas étonnant qu'on l'ait surnommé le fin Georges !
En quelques jours ses dix compagnons de cavale sont repris mais le fin Georges court toujours ou plutôt il se terre quelque part. Il est passé maître à ce jeu-là. On apprend même en 1814, puis 2 ans plus tard, en 1816, la naissance de 2 autres enfants de Georges Gremillet et Marie Madeleine Clément son épouse, 2 files : Catherine et Marguerite, bien sûr déclarées sous le nom de Clément. L'acte de naissance de l'une d'elle porte mention de Georges qui « a été condamné à une peine infamante ». Si, dans les chaumières, on doute un peu de la paternité du fin Georges, le connaissant bon nombre de villageois en sont malgré tout convaincus.
Et puis, le 6 mai 1817, c'est-à-dire 4 ans 10 mois et 5 jours après sa spectaculaire évasion de la maison d'arrêt d'Epinal, le fin Georges, repris, réintègre sa cellule après avoir donné du fil à retordre à ses poursuivants.
Alors, pour lui, la vie va changer d'aspect : il est transféré au bagne de Toulon peu de temps après. Quelles sont ses pensées, à 38 ans, au cours de ce long transfert ? Pense-t-il à sa famille ? A la distance qui va les séparer ? A ses jeux, enfant, sur les bords de la Vologne, à Lépanges ( aujourd'hui Lépanges sur Vologne ), village où il est né ?
Sans doute tout cela lui traversa-t-il l'esprit mais, probablement qu'en plus il se répète que cette triste nuit-là, il y a déjà plus de 6 ans, s'il n'avait pas bu.........
Georges Gremillet, condamné à 20 ans de travaux forcés en 1817, mourra au bagne de Toulon, à « l'hospice des chiourmes », le 17 août 1830, à 51 ans, 7 ans avant sa libération. Les dures conditions de vie au bagne , travaux, punitions, ont certainement emporté celui qu'on croyait indestructible tant il était fort et rusé...