Après avoir trait et nourri les vaches, l'occupation principale consiste à retirer puis sortir le fumier à la brouette, le déposer en tas à quelques pas de l'habitation et à arranger ( s'occuper de ) les bêtes en leur remettant une litière de paille, ce sont les ouvrages.
Le poêle et les chambres sont agrémentées d'un plancher alors que la cuisine est couverte de grosses dalles de grès. Elle se trouve au – dessus de la cave voûtée très fraîche et on y a souvent pratiqué une petite trappe, fermée d'une ou deux courtes planches, par laquelle on vide les sacs de pommes de terre directement dans le rembourré en bois fabriqué dans la cave, évitant ainsi l'escalier de pierre plutôt raide et donnant sur le vide du côté opposé au mur.
Devant la maison se trouve le bassin en grès alimenté par une des très nombreuses sources de la montagne. Il sert aux paysans pour y recueillir l'eau dans des brocs ou des seaux, pour y faire la lessive ou y nettoyer les outils mais il sert aussi d'abreuvoir aux animaux. La pluie ou le dégel rendent le sol boueux mais on y a remédié en le couvrant, devant la porte d'entrée et la porte de grange, de larges pierres de grès.
Laurent, ainsi que son frère Georges, de deux ans son cadet, avait appris au fil des années à devenir un fameux paysan, cultivateur et éleveur, producteur de lait et fabricant de fromage à la fois ( le gérômé qui, affiné, devient le Munster ). C'était le lot de la plupart des jeunes gens de la région avec, en plus, l'ambition de devenir propriétaire. Il ne manque pas de fermes à Granges, l'habitat y est dispersé, c'est l'héritage des censes obtenues par les ascencements ou arrentements, comme on disait autrefois, d'où le nom du hameau des Arrentès, de la commune de Corcieux. Ainsi, beaucoup d'écarts se trouvaient bien peuplés, ce sont, entre autres, Le Champ Le Marc, Les Chappes, Le Pré Genêt, Tihaugoutte, Rosé, Herméfosse ou la Sauteure sur le versant exposé au sud-ouest ou encore Les Quatre Vents, Le Boulay, La Passementière, Les Baumes sur le versant au nord-est, et bien d'autres encore jusqu'aux limites des communes de Réhaupal au sud – ouest, Corcieux au nord – est et Gérardmer au sud – est.
Un jour, qu'il allait d'un bon pas sur le chemin entre le Pré Genêt et Tihaugoutte, Laurent avait dû s'arrêter à plusieurs reprisespour répondre au salut des riverains qui le connaissaient bien :
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Alors, mon garçon, tu as l'air bien pressé ?
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C'est que je dois aller jusqu'à Herméfosse, là-haut, chez Jean Mengeolle...
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Ah oui, alors va, pour ne pas être ennuité ( pris par la nuit ), et …. donne le bonjour à la Marguerite....
Marguerite, c'était la fille de Jean, six ans de plus que lui et notre Laurent avait un gros faible pour elle. Il est vrai que ses visites de plus en plus rapprochées chez Mengeolle n'avaient pas manqué d'éveiller la curiosité et rares étaient ceux qui ignoraient comment tout cela allait finir !