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Ah ! Le voici le grand Baradel ! S'écrie Lejeal.
Le grand Colas, désireux d'éviter toute discussion avec le tristement célèbre Lejeal,continue son chemin en direction du Haut de Herméfosse mais, s'apercevant que Laurent s'est arrêté, il s'assoit sur le talus au bord du chemin.
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Oui, le voici, que lui veux-tu ?
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Tu le demandes, grand bougre, espèce de scélérat, tu dois bien le savoir !
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Laisse-moi passer, tu as trop bu et tu ne sais plus ce que tu dis !
Lejeal, furieux, fonce alors sur Baradel, suivi par Didier. La dispute se mue en bagarre et la colère et l'alcool ont énervé considérablement Lejeal. Pourtant plus grand et plus fort, Laurent craint l'intervention de Didier et la fougue de Lejeal le pousse à appeler son ami :
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A moi, grand Colas, tu es là ?
Ferry, comprenant que les choses tournent mal, ramasse une pierre, la met dans son mouchoir et court vers les trois hommes. Il maîtrise Didier et le met à l'écart des deux autres.
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Tu as une pierre ? Lui demande Didier.
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Oui, au service de ceux qui en voudront ! Il ne faut pas se mettre à deux contre un quand on n'est pas des lâches !
Attirés par le bruit, les deux sabotiers des Arrentès et le jeune pâtre sortent par derrière pour voir ce qui se passe. Reconnaissant leur patron ainsi que sa femme, qui venait de rejoindre les antagonistes en lançant des injures à l'adresse de l'un d'eux, ils le voient aux prises avec le grand Baradel et le grand Colas avec Didier. Tous trois décident alors de rentrer, toujours par derrière, et de ne pas se mêler de cette histoire.
Lejeal a fort à faire avec Laurent. Tout en maintenant Didier, le grand Colas voit alors briller un objet dans une des mains de Lejeal. Il hurle :
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Arrête, coquin, scélérat, tu te sers d'un couteau ! !
Mais il n'a pas le temps d'en dire plus et, horrifié, lâche son « prisonnier » en voyant son ami s'écrouler ! Lejeal rentre alors précipitamment chez lui tandis que Didier se hâte de disparaître. Colas se penche sur Laurent, étendu sur le chemin :
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Laurent ?? Tu as donc bien reçu un coup de couteau ?
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Oui...
C'est le seul mot que Laurent Baradel a la force de prononcer.
Il est, à ce moment-là, environ 9 heures du soir. Affolé, Nicolas constate que son ami ne bouge plus. Pris de panique, il hésite quelques secondes puis court vers Granges. Il se dit que l'adjoint au maire, Jean-Baptiste Michel, saura quoi faire.... Il fait nuit lorsqu'il arrive, exténué. L'adjoint est encore en train de bavarder avec Francion, il est à peu près 10 heures du soir, et L'adjoint se rend compte qu'il s'est passé quelque chose d'anormal :
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Le grand Colas, qu'y a-t-il donc ? Tu parais affolé ? !
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Ah, s'écrie Nicolas tout essoufflé, si tu savais ce qui arrive …
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Explique-moi vite ce qui t'a fait revenir ici et dans un tel état ! Tu devrais être déjà chez toi depuis longtemps …
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Voilà... Laurent et moi......quand nous sommes arrivés devant chez Lejeal..... Il nous attendait, il a surgi du dessus du chemin et une bagarre s'est vite déclenchée entre Laurent et lui........... Il a sorti son couteau et Laurent est tombé........... je crois.... qu'il est mort.....
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Quoi ?? Ce n'est pas possible ? !
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Si, malheureusement, j'ai pensé à te prévenir aussitôt.
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Tu as bien fait, viens, nous allons tout de suite à Rosé !
Les deux hommes remontent rapidement sur les lieux du drame. Force est à Jean-Baptiste Michel de constater que Ferry a dit vrai : Laurent Baradel gît, sur le dos, à 30 pas au-dessus de chez Lejeal.